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Ce sera sans moi !
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4 octobre 2009

Epoque épique

mieux_avant

Si certains d'entre vous m'ont catalogué, à la lecture de mes billets, comme un vieux réac passéiste capable d'une absolue mauvaise foi, force est de constater qu'ils... n'ont pas complètement tort. Je suis, il faut le reconnaître, et parce que ça m'arrange plus que ça ne me coûte, assez coutumier du "c'était mieux avant" lorsqu'il s'agit de me prononcer sur le premier problème de société venu.

Pourtant, au fond de moi, je sais bien qu'il y a toujours eu de bonnes raisons de se plaindre de la direction que prenait l'humanité, et que des grognards pour le faire, il n'en a jamais manqué. Toujours en nombre suffisant, mais finalement jamais trop. Car évidemment, on ne naît pas râleur, on le devient. Moi non plus, je n'ai pas toujours été comme ça (je le précise parce que certains ont déjà émis l'idée que je sois tombé dedans quand j'étais petit, avec toutes les conséquences que vous connaissez si vous aimez Goscinny et Uderzo). En fait, pas du tout. Au contraire, quand j'étais jeune, j'avais un optimisme démesuré, adapté à l'insouciante allégresse de mon statut d'enfant gâté dans une famille de Bisounours.

Et puis vous savez ce que c'est, on est tous passés par là, le temps a fait son office, des portes - beaucoup de portes - ont rencontré ma jolie petite gueule de naïf, et j'ai fini par comprendre que le monde n'était qu'une vaste pétouillade qui voguait depuis sa création d'excès en excès, avec ses menteurs, ses illuminés, ses psychopathes, ses fous de guerre...

Il y a quelques jours, j'ai entendu une chanson d'un monsieur dont je me suis aperçu que je ne possédais aucun album dans ma discothèque personnelle. Et je l'ai immédiatement regretté car je l'apprécie beaucoup (eh oui, chez Charlie, parfois, on sait dire autre chose que "j'aime pas"). Je le place au rang des plus grands artistes du siècle, rien de moins, et j'estime qu'il le mérite car au cours de sa longue carrière, tout en amusant des générations de rêveurs, il s'est toujours astreint à dénoncer, avec beaucoup d'humour et d'intelligence, les inepties qui ravagent la nature humaine.

Ce monsieur s'appelle Pierre Perret.

Et sa chanson, qui doit dater de 1984 ou quelque chose comme ça, n'a pas pris une ride. Elle ne parlera pas forcément à ceux qui n'ont pas vécu cette époque, mais pour peu qu'ils connaissent un minimum l'histoire récente de notre beau pays, elle devrait au minimum les faire sourire. Quant à moi, plus je l'écoute, plus elle me conforte dans l'idée que piquer une bonne gueulante, de temps en temps, ça ne fait vraiment pas de mal...

Quelle époque on vit !

Je vais me laisser aller
Ce soir mes chers amis
Je vais vous déballer
Mes petites nostalgies
Quand Jeanne la Lorraine
Etait pas dans Playboy
Et les quatre filles du Roi
A Cocoricoboy

(Refrain)
Ah quelle époque on vit
On se demande un peu
Ce que fout le bon Dieu

Nos belles n'ont que faire
Des dames du temps jadis
Ni de ces jolies bergères
Qu'avaient pas le moindre vice
Elles quittent leur province
Avec Africatours
Pour éponger les princes
A un bâton par jour

(au Refrain)

Nous n'irons plus au bois
Les travelos sont coupés
Ils ont chopé le sida
Ils sont à la Pitié
La mère-grand du chaperon
A fini au fast-food
Et les trois capitaines
Sur une mine à Beyrouth

(au Refrain)

La belle au bois dormant
Qu'on prit pour une fainéante
Elle vend des ouragans
Le soir au top 50
Barbe-Bleue sur la Une
Fait brûler ses biftons
Cendrillon bourre de thunes
Sa valise en carton

(au Refrain)

La lampe d'Aladin
A incendié Kaboul
Et l'enchanteur Merlin
Nous vend ses cages à poules
Et la Mère-l'oie qui nous
Prend tous pour des malades
Nous conseille de nous
Tremper le cul dans l'eau froide

(au Refrain)

La femme de Neptune
A rencontré Ulysse
Et au clair de la lune
Ils font sauter Greenpeace
Ils dirent au procureur
Qu'on leur promit du blé
Chez les quarante voleurs
Qui siègent à l'assemblée

(au Refrain)

Nos reines de Saint-Tropez
Qui sniffent la cocaïne
Quand elle rendent la monnaie
Se font faire des liftings
Aujourd'hui c'est normal
Quand on veut des joues plates
On vous remonte le trou de balle
Entre les omoplates

(au Refrain)

Quand la perfide Albion
Commande Pénélope
A toutes les deux elles font
Une belle paire de salopes
Elles partirent aux Malouines
En culotte de satin
Pour refiler la chtouille
Aux braves Argentins

(au Refrain)

A coups d'accordéon
De musique et d'argot
Je m'en vais faire alliance
Avec le roi Renaud
Pour bouter les Rosbifs
Et même les Amerloques
Qu'arrêtent pas de nous gonfler
Avec leur putain de rock

Ah quelle époque on vit
On se demande un peu
Ce que fout le bon Dieu !

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Commentaires
C
Khalya, l'âme des Bisounours est en moi pour toujours !<br /> <br /> Schtroumpfette, tu peux rester, ce blog aime le segment des 18-25 ans. Mais n'oublie pas de donner la main à un adulte quand tu traverses la rue, et éteins-moi cette musique de sauvages pour ranger ta chambre, merde !<br /> <br /> Sifi : si j'avais pu glisser la référence à Montaigne dans mon billet, il aurait eu vachement plus de la gueule... D'autant que c'est exactement ce que je voulais faire passer comme idée. Merci à toi de contribuer à élever mon niveau...
S
Ton post me fait penser à ce que Michel de Montaigne disait déjà à son époque (je ne cite pas de mémoire, désolée, il est 7h fu mat...): il disait que vu comment le monde était en train de tourner, il ne voyait pas comment ça pourrait tourner bien longtemps à ce train-là, entre les guerres, la politique et l'évolution des moeurs... Comme quoi personna n'a rien inventé en matière de râlerie!! <br /> Quant à sa célèbre phrase qui a fait rigoler des générations d'étudiants en lettres immatures "Le monde est une branloire pérenne", elle est tellement vraie (au sens littéral, évidemment). ;-)
S
oups ! Trop jeune là ! Bon ben je vais jouer avec mes poupées et vous me rappelerez plus tard ?!
K
aaaaaaaaaaaahhhhh!!! Autant pour moi! la signification était trop subtile pour mouaaaa là! ;-) Contente de savoir qu'il subsiste de la Bisounours attitude chez toi! ;-)
C
Une fois de plus, merci à tous de ne pas avoir hésité à déposer quelques mots. Et une fois de plus, alors que je ne m'y attendais pas, le débat se prolonge au-delà du billet, ce qui me réjouit sincèrement.<br /> <br /> Petite précision tout de même : je n'attendais pas que vous vous prononciez sur le gratteux d'Astaffort, dont la présence (uniquement photographique, parce qu'il fallait bien une image) était liée à sa prétendue façon de préférer hier à aujourd'hui, popularisée notamment par les Guignols.<br /> <br /> @ Liliecouette et Khalya : apparemment vous n'avez pas saisi le sens du billet. Je tentais d'y démontrer que finalement, on est toujours nostalgique d'une époque passée, qu'on râle par principe, et qu'avant nous nos parents, nos grands parents, ont dit la même chose de leur enfance après avoir connu la vie d'adulte. Si j'ai retranscrit le texte de Perret, c'était justement pour dire "même à l'époque que je dis regretter, il se passait des choses pas top". Enfin, quoi qu'il en soit, vous pouvez être rassurées, je vais très bien, ni désabusé, ni rétif à la modernité et aux choses fantastiques qu'elle a apportées...<br /> <br /> @ Julien : bon, bah au moins on pourrait faire un trajet en voiture ensemble !<br /> <br /> @ Flo : Possible en effet qu'un 45 tours se trouve dans les précieuses reliques qui encombrent le grenier de mes parents. Mais j'avoue que chez Pierre Perret, c'est moins "Les colonies de vacances" ou "Le zizi" qui m'attirent.<br /> <br /> @ Maldoror : suite du message précédent, je suis comme toi beaucoup plus réceptif à "Mon p'tit loup", "La petite kurde", "Au café du canal" ou "La bête est revenue"...<br /> <br /> @ Elisa et uovo : j'imagine que vous savez de quel(s) sujet(s) parlent les chansons ci-dessus...<br /> <br /> @ Ranx : félicitations pour ce jeu de mots, qui n'est pas plus laid que le poteau en question !<br /> <br /> @ Jérôme : Est-ce justement sa bonne tête rigolote qui nous a aveuglés sur Perret ? Je ne connaissais pas l'existence de la polémique à son sujet, et je suis tombé sur le fondement en lisant l'article du Nouvel Obs. Effectivement ça donne à réfléchir, même si au fond, tout cela n'enlève pas grand chose à son talent (tout le monde a pillé d'autres artistes, Gainsbourg par exemple, qui s'est copieusement servi chez les compositeurs classiques et a souvent oublié de le dire). Je trouve un peu plus dommage l'entretien d'un mensonge comme celui qui entoure ses relations avec Léautaud. Mais j'avoue que, même "calmé" comme je l'ai été ce soir, et tant qu'il ne fera pas l'apologie de la pédophilie et de Saddam Hussein, je continuerai à écouter les chansons du Pierrot...
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