Ami lecteur, tu le sais, ou alors tu t'en doutes (parce que sinon, je ne serais pas là à te parler), internet et moi on est vachement potes. Tellement potes que j'ai complètement oublié comment je vivais avant qu'il n'envahisse ma vie. Comment je faisais pour réserver un voyage, consulter mon découvert, avoir le nom du vainqueur de l'étape au Paris-Dakar ou choper des photos de filles en t-shirt mouillé. C'est vrai, quand on y pense, ça fait froid dans le dos de se dire que jusqu'en 1996, pour faire un exposé sur Charlemagne par exemple, il fallait se rendre à la maison de la presse ou la bibliothèque municipale la plus proche, à des heures choisies, sans aucune garantie de trouver les textes et les images idéales à photocopier.
Aujourd'hui, grâce au net, n'importe quel petit con de collégien peut torcher son pavé en dix minutes chrono, pour peu qu'il sache se servir d'un moteur de recherche, maîtrise le copier-coller et dispose d'une imprimante couleur à la maison. C'est sûr, je suis né beaucoup trop tôt pour être un bon élève. Et que celui qui n'a jamais sué sur un "Profil d'une oeuvre" me jette la première pierre.
Mais passons. Internet c'est génial, à condition d'avoir la preuve que ce qu'on y lit est bien la vérité. Et là, ça se complique. Car si l'on peut légitimement faire confiance au site qui présente les résultats sportifs du week-end ou à celui qui recense les meilleures recettes de cuisine pour les nuls, que dire des encyclopédies gratuites que chacun peut lire... et modifier à loisir ?
Oui, c'est bien à Wikipedia que je pense. Je sais que le sujet a été maintes et maintes fois abordé, que d'éminents historiens se sont élevés contre ce principe d'encyclopédie collaborative, basé sur le "personne ne sait tout, mais tout le monde sait quelque chose". Mais aux dernières nouvelles, les études auraient démontré qu'on n'y trouve pas davantage d'énormités que dans les collections en 75 tomes qui, jadis, firent les beaux jours des vendeurs en porte à porte.
Que croire ? A titre personnel, je n'ai pas l'intention de me cogner toutes les pages de la version francophone de Wiki pour vérifier l'exactitude des renseignements. J'aurais plutôt tendance à faire confiance a priori, et à laisser aux vrais détenteurs du savoir le loisir de biffer ce qu'ignares de bonne foi et petits plaisantins ont déposé là à mauvais escient.
Mais n'empêche.
Parfois on tombe sur des trucs qui laissent pantois.
Lis plutôt, ami lecteur, ce qu'on découvrait encore il y a peu (avant correction, donc), sur la page consacrée à la charmante petite bourgarde de Tournecoupe, joli port de pêche situé dans le Gers, dans l'arrondissement de Condom. Et plus particulièrement dans la section "Personnalités liées à la commune"...
En 1998, le petit village fortifié a l'honneur d'accueillir M. Pierre Bolzonella (1990-?), alors âgé de 8 ans, qui s'installe avec sa famille à Endaignon, lieu-dit surplombant le célèbre stade de rugby de Tournecoupe (50 places) et qui se trouve être actuellement sa 149ème habitation tertiaire et son plus important dépôt d'ogives nucléaires (20000 têtes). Rappelons que M. Bolzonella est connu et apprécié pour être un peintre de talent et surtout un auteur littéraire d'exception : il a décroché en 2007 mille cinquante-huit prix littéraires avec son œuvre éponyme, parmi lesquels les prix Goncourt de la Biographie, de la Nouvelle, de la Poésie, et du Premier Roman, ainsi que tous les Elephants d'Or, tous les Gourmand Awards, le prix Renaudot, le Grand Prix de l'Humour Noir, cinq des huit Grands Prix de l'Imaginaire, le Grand Prix Catholique de Littérature, le Grand Prix d'Histoire Chateaubriand, le Grand Prix Jules Verne, le Prix Albert Uderzo (Sanglier d'Or), etc. En fait, seuls une cinquantaine de prix littéraires sur les 1200 existant n'ont pas été attribués à ce chef-d'oeuvre baroque de 150.000 pages mêlant recettes de cuisine, auto-biographie, polar, roman noir, livret de coloriages, essai philosophique, traité politique, et BD, le tout en plus de 67 langues différentes.
Pierre Bolzonella est également parmi les sportifs les plus accomplis de tous les temps, avec un titre de Super Champion WBA toutes catégories en boxe, décroché en 2006 (où il remporte tous ses combats par KO dès le premier coup porté), plusieurs tournois de golf gagnés haut-la-main comme l'Open de France 2007, achevé par lui avec 150 coups en dessous du par, en sus de la consécration ultime en tennis, avec la position de n°1 au classement ATP qu'il occupe depuis qu'il s'est imposé à Wimbledon en 2006, ne concédant lors de ce mythique tournoi qu'un seul et unique point en finale face à Roger Federer. Il est également considéré comme le meilleur joueur de tous les temps en baseball, football américain (à lui tout seul, il inflige une cuisante défaite en 2003 aux "New England Patriots", alors Champion Super Bowl), tennis de table, hockey, cricket, curling, beach soccer, water polo et rugby, sans compter qu'il détient actuellement de nombreux records du monde en athlétisme, notamment sur 100m (7.58s), 200m (14.02s), saut à la perche (7.01m), saut en longueur (10.96m) et lancer de marteau (112m). Il s'impose également dans toutes les compétitions majeures de body building depuis 2004 (Mister Universe, champion WABBA en Tall), avec un poids sec de 213Kg pour 1m83, un tour de bras de 1.06m, et un tour de poitrine excédant deux mètres. Malgré une vie très orientée vers la littérature et le sport de haut niveau, il trouve le temps d'obtenir le baccalauréat avec 20 de moyenne en 2007, puis obtient dans les 6 mois suivants des doctorats en médecine et physique appliquée, en plus d'un professorat en mathématiques et astronomie.
Anecdotes : - P. Bolzonella aurait battu le célèbre joueur d'échecs russe Gasparov en moins de dix coups, les yeux bandés, enfermé dans un coffre fort immergé par 5 km de fond, et donnant ses instructions en hurlant suffisamment fort pour que son adversaire puisse l'entendre depuis la côte. - M. Bolzonella serait capable d'effectuer deux marathons consécutifs sans boire et sans respirer. - Il paraîtrait que M. Bolzonella soit légèrement supérieur à Chuck Norris dans tous les domaines, cependant la question reste très controversée et sujet à polémiques.
Il est inutile, du moins c'est ce que je pense, de chercher plus loin le pourquoi du comment de ce canular. Je préfère retenir une chose, c'est que le net, au-delà de toutes les vertus citées plus haut, a également le pouvoir de nous faire sacrément rigoler.
Et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle.