Peut-être... ou pas
Ils sont revenus. Après plusieurs années d'absence. Franchement, je pensais qu'ils avaient eu un flash, une révélation, qu'ils ravalaient leur honte au fond d'une cave en se tapant la tête contre la table. Mais non. Ils sont là, à nouveau. Rien n'a changé, ni le discours, ni le ton. Toujours le même bon gros message, bien installé, droit dans ses bottes, déversé sur tous les écrans de France et de Navarre aux heures de grande écoute. Comment un truc pareil a-t-il été rendu possible ? Comment une aussi grosse arnaque a-t-elle pu sortir d'un cerveau humain ?
"Gallia. Après le vôtre, probablement l'un des meilleurs laits".
Je me demande vraiment combien ils l'ont payé, le créatif, pour avoir pondu une phrase aussi pourrie. Ou alors, comme c'est souvent le cas dans ce milieu, c'est l'annonceur lui-même qui s'est tiré une balle dans le pied en exigeant cette signature, l'agence se contentant de la mettre en images...
Bon, c''est sûr que j'y connais rien à la réclame, c'est bien simple, dès qu'il y en a une, je zappe. Jamais je n'ai acheté un produit parce qu'un spot télé m'avait convaincu de ses mérites (au contraire même, j'ai savamment boycotté pendant plusieurs années toutes les marques qui m'empêchaient de suivre un Grand Prix de F1 du départ à l'arrivée). Mais je reconnais que parfois, y a des trucs, t'applaudis. Parce que l'idée, la réalisation, le jeu des acteurs te font rire ou te prennent aux tripes.
Mais là... Non, sincèrement, définitivement, j'y arrive pas.
Attends, je découpe.
"Après le vôtre" : ah ben oui, forcément, dire qu'un lait infantile en poudre est meilleur pour bébé que celui de sa maman, ce serait du suicide publicitaire, surtout dans un contexte de retour à la nature et aux valeurs fusionnelles comme celui qui nous environne. On prend ses précautions. Logique.
"Probablement" : pas de fausse ou de sur-promesse. Notre lait il est bon, ça c'est sûr, mais en même temps on n'a pas essayé les autres, hein, on sait jamais, peut-être qu'au Guatemala ou dans le sud de la Birmanie orientale, y a des marques qui font mieux que nous mais bon, on n'en sait rien, on peut pas être partout non plus donc dans le doute, on préfère s'abstenir.
"L'un des meilleurs laits" : bah c'est pareil, là on peut pas dire. Des fois qu'il y ait des bébés qui refusent le bib parce que pas envie, trop ceci ou pas assez cela, c'est difficile un nourrisson, faut pas croire, ils peuvent pas tous aimer la même chose et ça se pourrait bien qu'on tombe sur un chiard qui s'en sort mieux avec un concurrent. Donc au cas où, on va la jouer humble et transparent.
Voilà voilà.
Donc en fait, on a quoi ? Un composant synthétique dont le fabricant en personne nous dit ce qu'on savait déjà - c'est à dire qu'il ne vaut pas un lait maternel - mais surtout qu'il n'est lui-même pas franchement certain que son produit ne fasse pas partie des plus dégueu du marché !
Et ils voudraient qu'on l'achète pour QUELLE RAISON, exactement ?