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4 décembre 2009

La raison du plus fort

relay

- Trois quatre vingt dix.
- Tenez.
- Ah, désolé monsieur, la Carte Bleue c'est dix euros minimum.
- Bah je n'ai que ça.
- Désolé, je ne peux pas l'accepter.
- Si, vous pouvez. C'est un moyen de paiement et vous ne pouvez pas légalement le refuser.
- Ce sont les consignes, monsieur, je ne fais que les appliquer.
- Et elles sont affichées quelque part ces consignes ?
- Euh non.
- C'est bien ce que je dis. Vous ne pouvez pas refuser un paiement par carte, même pour cinq centimes, si vous n'avez pas affiché au préalable dans votre magasin le montant minimum.
- Mais monsieur...
- Il n'y a pas de mais monsieur. Je vous achète Auto Plus et une bouteille d'eau, j'ai de quoi payer, où est le clavier de votre terminal ?

L'homme, sur le fond, a raison. La loi est de son côté. Mais il est arrogant. Semble davantage préoccupé par le fait qu'on l'écoute que par la recherche d'une solution à l'amiable. Pendant ce temps, derrière lui, la file d'attente s'allonge.

- Vous n'avez pas trois euros quatre vingt dix en liquide ?
- Là n'est pas le problème. Voilà ma carte.
- Monsieur, s'il vous plaît...
- Quoi s'il vous plaît ? C'est tout de même un peu fort de café, ça ! Qu'est-ce que ça veut dire ces gares où on ne peut plus trouver un distributeur de billets et où on est obligé de débourser dix euros pour une boule de gomme ?

Ce qu'il dit tient toujours la route, mais son attitude est condescendante, et le temps passe. Le caissier, prisonnier de ses directives, ne plie pas. Et les clients, dont la plupart ont sûrement un train à prendre qui ne les attendra pas, commencent à s'impatienter singulièrement.

- Appelez-moi le responsable du magasin.
- Il n'est pas là, monsieur.
- Ah, alors qu'est-ce qu'on fait ?
- Vous, je ne sais pas, mais moi j'ai d'autres clients à servir.
- Il n'en est pas question, j'étais là avant, j'ai tout mon temps et je vous somme de prendre cette carte !

"Je vous somme". La fin du combat promet d'être saignante. Je me demande qui, dans la file d'attente, va intervenir le premier pour mettre fin à cette mascarade. Mais non, personne ne bouge. Les mines sont défaites, renfrognées, excédées, outrées, mais rien. Pas un grognement.

- Monsieur, soyez gentil, vous avez un distributeur sur le boulevard, à 100 mètres en sortant de la gare. Laissez-moi m'occuper des autres personnes qui...
- Quand vous aurez accepté mon moyen de paiement.

Le caissier soupire, porte la main à sa poche. En sort quelques pièces parmi lesquelles il fait le tri. En enfourne deux dans son tiroir-caisse. Puis relève la tête, et pose doucement ses yeux dans ceux du contestataire en lui tendant son magazine et sa bouteille d'eau.

- Voilà, trois quatre vingt dix.

L'autre, pris de cours, ne lui oppose qu'un vague silence qui se transforme en bredouillement incompréhensible, mais qui traduit bien son incrédulité. Et l'employé, bien conscient d'avoir rallié toute l'assemblée à sa cause, esquisse enfin un sourire pour enfoncer le clou.

- Pour se débarrasser des cons, il faut mettre le prix. Client suivant, s'il vous plaît.

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Commentaires
F
J'adore la réaction du vendeur.<br /> <br /> Je sais que si j'avais été dans la file d'attente je me serai énervée ! <br /> J'aurai dis pleins de gros mots, <br /> on se serait battu, <br /> j'aurai été en prison, <br /> et mes enfants pleureraient le soir de Noël...<br /> <br /> Ok j'arrête la drogue !
O
Très très bon !<br /> <br /> En même temps, il est clair que payer avec sa CB partout serait d'un pratique...<br /> ... et ça viderait mon compte mais bon ?
C
La réalité dépasse parfois la fiction, très chères, c'est peut-être la seule chose à retenir de ce billet ! Quoi qu'il en soit, ça me donne une idée : pourquoi ne pas finir chacun de mes textes par un sondage "info ou intox" avec récompense pour le gagnant ? Je vais y songer, après tout c'est bientôt Noël.<br /> <br /> Bon, sinon, Elisa et Khalya, c'est bon, vous vous faites un bisou et on n'en parle plus.<br /> <br /> Et moi, je vais m'occuper de mes chevilles, de mon à-valoir sur le roman que me commande Gallimard, des honoraires de mon agent... Enfin des trucs de vedette du monde littéraire, quoi.
K
Je me permet de répondre à Elisa : pour avoir été derrière un "comptoir" dans pas mal de boulots, ça ne sert à rien de rien de dire "ce sont les instructions" devant quelqu'un qui de toute évidence est remonté au départ.<br /> Et les supérieurs tyranniques, j'ai eu ma dose tu peux me croire.<br /> Les interlocuteurs mécontents du fonctionnement du système également.<br /> Dans les 2 cas, on tente ce que j'appelle un mot que tu connais certainement "la communication". Et dans 95% des cas ça marche^^....<br /> Pour M. Grognon, ce qui m'a semblé louche dans ton histoire, c'est le caissier qui paye pour le client.<br /> C'est totalement interdit et si il y a une erreur de caisse, c'est un casse tête incroyable quand tu finis le boulot. Sinon le client, il rend son Auto plus et on passe au suivant ^^
S
Alors là ! Je m'apprétais à dire que c'était excellent, que j'enviais ce caissier et que sa reflexion de fin était tellement pertinente et bien trouvé. Et puis j'ai lu les commentaires... Et le tien surtout Charlie ! Je ne le crois pas, ce n'est pas vrai !!! Comment t'as pu nous faire ça !?? Mais reconnaissons tout de même que c'était super bien trouvé !
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