La psychose des psy
Non, je n'irai pas. Vous pourrez dire ce que vous voulez, c'est hors de question. Et ça le restera. Je ne mettrai jamais les pieds chez un psy.
Il n'y a rien de plus dangereux que d'aller voir un psy. C'est comme si on donnait un flingue à un type en lui disant "vas-y, bute-moi, mais surtout, prends bien soin de viser à un endroit où j'aurai bien mal et qui rendra mon agonie lente et insupportable".
J'ai dit non. Même si vous me payez mon poids en crocodiles Haribo, ce sera toujours non.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui prennent 80 euros la consultation (notez que j'ai pas dit 80 euros de l'heure, car pour une raison inexplicable, les séances chez un psy durent toujours 50 minutes), qui vous promettent de soigner votre rhume et qui vous laissent ressortir avec un cancer ?
Non. Mille fois non. Un milliard de fois non.
Un psy, c'est comme un épisode de "Lost". A la fin du truc, t'as la solution d'un mystère, mais y en a trois autres, encore plus incompréhensibles, qui surgissent au même moment. Et à la fin de la saison, tu comprends plus rien. Mais c'est trop tard, tu peux plus revenir en arrière, trop de portes ouvertes et de questions qui s'entrechoquent. Tu veux savoir la fin.
Sauf qu'avec un psy, la fin, c'est TA fin.
Je suis entouré de gens qui vont mal. Depuis longtemps. Et ceux qui vont le plus mal sont ceux qui sont passés par la case "psy". A force de vouloir à tout prix s'expliquer leurs petites déprimes quotidiennes, ils se sont embarqués dans une introspection tellement maousse qu'ils ont déterré des trucs incroyables, et aujourd'hui ils sont face à tellement de névroses qu'ils ne peuvent plus vivre avec. Etant entendu qu'évidemment, il est trop tard pour les régler.
Non seulement ça m'attriste, mais surtout ça me révolte. Vous voyez le 35ème dessous ? Eh bien eux, ils viennent d'emménager juste à l'étage plus bas, et ça ne leur suffit pas. Ils en redemandent. Ils applaudissent les yeux fermés. Leur psy, c'est leur gourou. Ils ne voient que par lui, ne pensent que comme lui, ne s'en remettent qu'à lui. A ce mec qui les détruit petit à petit, leur enlève chaque jour le peu d'estime de soi qui leur reste. Et on aura beau leur expliquer que personne ne détient les clés de la vie parfaite, qu'il y a 50 000 écoles de psychanalyse différentes, que si la recette miracle existait, les gosses de psy n'auraient pas tous des gueules de cons et des comportements borderline, rien n'y fait.
"Mais non, t'inquiète pas pour ça, c'est normal d'en passer par-là, c'est le transfert.
- Transfert mon cul, oui ! Et la Scientologie, c'est pareil ? Tous amoureux transis de Tom Cruise ?
- Non mais tu ne comprends pas... De toute façon, je ne peux pas arrêter, c'est impossible, ça ne fait que 9 ans, j'ai encore tellement de choses à découvrir...
Et tellement de larmes à verser, aussi ? Tellement de litres d'alcool à ingurgiter pour "prendre conscience" ?
Sacré boulot quand même. 10 ans d'études pour apprendre à broyer ses semblables. J'irai jamais.
Pour autant, une fois encore, je n'ai pas envie de catastropher mais plutôt d'en rire. Imaginons donc ensemble ce que pourrait être la psychologie de demain, à l'ère des serveurs vocaux qui inondent déjà notre quotidien.
Bienvenue sur la hotline de la Fédération Nationale de Psychothérapie.
Si vous êtes un obsessionnel compulsif, appuyez une vingtaine de fois nerveusement sur le 1.
Si vous êtes compulsif à répétition, raccrochez et recommencez.
Si vous êtes codépendant, demandez à quelqu'un d'appuyer pour vous sur le 2.
Si vous avez une personnalité multiple, appuyez sur le 3, le 4, le 5 et le 6.
Si vous êtes paranoïaque, sachez que nous savons qui vous êtes et que votre appel a été localisé.
Si vous êtes schizophrène, vous entendrez une petite voix qui vous dira sur quel numéro appuyer.
Si vous êtes antisocial, jetez le téléphone par la fenêtre.
Si vous êtes dépressif, peu importe sur quelle touche vous appuyez, soyez assuré que nous nous en foutons complètement...