C'est arrivé un jour

Ou comment Charlie recycle de vieilles histoires quand il n'a plus d'inspiration, trop de boulot ou marre d'en inventer de nouvelles. Celle qui suit date de février 2007. Je venais de me porter acquéreur d'un cabriolet des années 60 pour frimer dans les frimas...

Vous habitez Paris ? Vous avez une voiture à immatriculer ? Prenez une demi-journée de congé. Non non, j'exagère à peine. Il m'aura fallu près de 4 heures, hier, pour obtenir une carte grise. Ce que j'imaginais n'être qu'une simple formalité à la pause déjeuner s'est transformé en véritable parcours du combattant...

Il est vrai que j'ai contribué moi-même à aggraver les choses en oubliant d'apporter une partie des pièces nécessaires : certificat de cession et contrôle technique étaient bêtement restés à la maison. Mais pour le reste, je plaide non coupable. Comment savoir que l'antenne de Police de mon arrondissement n'était pas habilitée à immatriculer des véhicules anciens ? C'est bougrement dommage car j'aurais échappé aux interminables minutes d'attente imposées par la Préfecture, la "grande" Préfecture de Police de tout-Paris, sur l'Île de la Cité ! Et encore, je vous fais grâce des procédures de sécurité (entrée par groupes de 10 personnes dans un sas, passage dans un portique comme à l'aéroport etc). On s'y prête de bonne grâce, mais intérieurement, on fulmine.

Erreur. Le calvaire n'en est qu'à ses balbutiements.

Fermez les yeux et imaginez.

Il est 12h20. Déjà 50 minutes que vous avez quitté votre boulot en disant "je reviens dès que possible" et vous voilà dans une salle immense, bardée de guichets de tous les côtés (mais dont, évidemment, seulement un sur cinq est en service). Vous prenez un ticket, votre numéro est incroyablement éloigné de celui qu'on appelle en ce moment. Vous vous dites que vous auriez dû vous prendre un sandwich en partant...

Chaque personne qui passe avant vous doit avoir une flotte de véhicules à immatriculer. Moyenne : 20 minutes par tête de pipe. A 13h50, on appelle enfin votre numéro. La préposée est souriante, elle compulse les pièces de votre dossier, vous demande les justificatifs d'identité et de domicile. Au bout de quelque temps, elle vous rend ce dont elle n'a plus besoin et vous indique que vous allez bientôt (comprenez : dans un gros quart d'heure) pouvoir passer à la caisse. Vous en retrouveriez presque le sourire...

Erreur, encore.

Loi de Murphy oblige, ça traîne en longueur.

14h30. "Monsieur, vous pouvez revenir s'il vous plaît ? J'ai un problème pour éditer votre carte grise. Quand je tape le numéro de série et le type du véhicule, l'ordinateur me laisse le choix entre... une remorque et deux tracteurs. Tous de marque différente. Là, je ne peux rien faire. Il faudrait que vous écriviez au siège de votre marque et que vous leur demandiez s'ils ne se sont pas trompés sur le certificat de conformité..."

Je vous fais la réponse en version courte : hors de question que je reparte d'ici sans avoir mon immatriculation. Poliment mais fermement, je demande qu'on appelle un responsable pendant que je compose le numéro de mon vendeur. Il a fait immatriculer plusieurs dizaines d'anciennes de cette marque avant moi, et c'est la première fois que - je cite - de tels charlots lui opposent une fin de non recevoir. Il me donne le numéro d'un responsable du service homologation de l'importateur qui pourrait peut-être débloquer la situation.

Répondeur. Un coup pour rien...

Pendant ce temps, sur ma demande insistante, le dossier a été déposé sur le bureau du grand chef. Qui débarque à 15h15 et déclare triomphalement "je connais, j'ai déjà vu ça". La solution est de prendre pour base de référence la remorque ou le tracteur dont le numéro de série correspond au mien, et d'écraser informatiquement toutes les caractéristiques en les remplaçant par celles de ma voiture. Alleluia !

A 15h30, délesté de 231 euros, je sors de la Préfecture (sous une pluie battante) avec mon précieux sésame sous le bras. Et il me prend alors l'envie de savoir quelle est ma nouvelle immatriculation. Et là, croyez-moi si vous voulez, j'éclate de rire.

--- QWC 75.

Ouais, finalement, quoi de plus normal ? Temps de chiotte et journée de merde, j'aurais dû m'en douter.

Comments

[Charlie Grogne]

Fr@mboize, Maldoror, je vous félicite, c'est bien d'assumer. De toute façon, quand on a goûté au Q, on ne peut plus s'en passer...

[Maldoror]

Moi j'en ai eu une, une Renault 18, immatriculée "---- XQ 27". Quand ma femme a vu ça, elle m'a dit : "ça te convient parfaitement".

Hum...

[Fr@mboize]

Moi j'ai eu une voiture qui était immatriculée (conception ... MDR, j'me kiffe avec mes blagues pourrites !)
donc c'était (et c'est vrai)
3615TQ02...
grave nan...!?

[Charlie Grogne]

@ t'as pas dit ZIP : avec de telles anecdotes, pourquoi n'ouvres-tu pas un blog ? J'espère en tout cas que tu as évacué ta colère en prenant les vagues.

@ Julien : tu es à ce point amoureux de Paris que tu n'en sors jamais ? Au-delà du périph, une voiture ou un avion sont quand même bien utiles.

@ uovo : la province dont tu parles ressemble carrément à la cambrousse ! Le "point pref", voilà quelque chose que je ne connaissais pas. Pour info, je suis désormais un ex-parisien exilé dans le centre de la France, mais j'ai droit à une vraie préfecture qui ouvre (presque) tous les jours, et j'ai pu faire immatriculer 3 voitures en quelques minutes chacune...

@ Flo : contrairement à ce que mon billet pourrait laisser croire, j'ai trouvé, ce jour-là, des gens plutôt avenants et pleins de bonne volonté pour régler mon problème. C'est le système qui est en cause, sur ce coup-là. Mais je suis d'accord avec toi, la plupart du temps, les personnes sont autant à claquer que les règles idiotes qu'ils appliquent.

@ Norzem : vous n'avez pas l'impression d'être un peu maudites, dans la famille ? ;-)

@ Elisa : désolé, je change justement de voiture en ce moment mais mon choix est déjà fait. J'achète une ambulance dont la sirène chante "t'es foutu, t'es foutu" !

[elisa]

Vends corbillard occasion: levier de vitesse bloqué au point mort. Vu que tu as une 1/2 journée de congé. Je me disais...Affectueusement.